Peut-on protéger les cerfs et l’habitat qui leur donne vie?
La surpopulation des cerfs de Virginie dans le sud du Québec ne cesse de s’aggraver. Ces grands cervidés souffrent et la Nature aussi.
En août 2022, la ville de Longueuil a obtenu un permis pour abattre au plus 100 cerfs dans son parc Michel-Chartrand et le juge
De son côté, la Sépaq a annoncé qu’elle réduira le cheptel de cerfs de Virginie dans les parcs nationaux du Mont-Saint-Bruno et des Îles-de-Boucherville.
Voici pourquoi la Fondation du Mont-Saint-Bruno se rallie à la sagesse de ces décisions.
La surpopulation expliquée
Il y a dix ans, il faillait se balader tôt le matin pour observer un ou deux cerfs au parc national du Mont-Saint-Bruno. Aujourd’hui, il est rare de ne pas les voir à toute heure de la journée. Ils sont même sur les propriétés privées à proximité du parc car ils y trouvent de la nourriture.
« On compte actuellement 15 cerfs de Virginie au km2 dans l’enceinte du parc national du Mont-Saint-Bruno. Or, pour maintenir la diversité d’une forêt, les études ont démontré qu’il ne devrait pas avoir plus de 4 à 6 cerfs au km2. »
Deux raisons sont au cœur de cette surabondance : le manque de prédateurs et la fragmentation du milieu. Lorsque l’empreinte humaine est limitée, l’équilibre de l’écosystème est maintenu par des prédateurs naturels comme le loup, le coyote et le cougar.
Des options complexes et déchirantes
Comment protéger les cerfs tout en protégeant l’habitat qui leur donne vie ?
Les milieux naturels du sud du Québec et leurs écosystèmes sont fragilisés par le surbroutage, l’agrile du frêne et d’autres ravageurs.
C’est pourquoi les gouvernements et les organismes de conservation comme la Fondation du Mont-Saint-Bruno tentent d’augmenter la connectivité des forêts et le couvert forestier du corridor écologique de la Vallée-du-Richelieu afin de réduire la pression sur les écosystèmes.
Il faut cependant être honnête : Comme la surabondance des cerfs est un phénomène généralisé dans le Sud du Québec, où peuvent-ils migrer?
L’option de déplacer certains cerfs n’est pas réaliste non plus car ils pourraient faire face à un choc d’adaptation et transporter des maladies vers d’autres milieux.
Devons-nous les laisser mourir de faim à moins 20°C ?
Où iront les cerfs quand il n’y aura plus de flore pour les nourrir? Devons-nous les laisser mourir de faim à moins 20°C l’hiver ou même à 30°C l’été lorsque le réchauffement climatique assèche le sol ?
Malgré le fait qu’il n’y ait pas de solution idéale, la chasse contrôlée demeure l’approche à privilégier, à l’instar de la stratégie adoptée en Écosse et à celle qu’utilise la Nature depuis des millions d’années.
Quelques liens intéressants :
- La Presse, Longueuil pourra abattre les cerfs du parc Michel-Chartrand, 30 août 2023
- Sépaq, Réduction du cheptel de cerfs de Virginie – Un plan d’intervention pour protéger la nature, 12 février 2022
- La Presse, La Sépaq prévoit abattre au moins 200 cerfs de Virginie, 12 février 2022
- Le Devoir, Au moins 200 cerfs seront abattus dans deux parcs nationaux, 12 février 2022
- Le Devoir, Des parcs nationaux menacés par les cerfs, 17 janvier 2022
- Reportage de Philippe-Antoine Saulnier à Radio-Canada avec Sonia Pépin et Tanya Handa
- Entrevue de Tanya Handa à l’émission de Paul Arcand