L’écoanxiété : que faire
Le malaise profond engendré par les préoccupations environnementales n’a jamais été aussi évident que dans les deux dernières années. Qu’il s’agisse des manifestations de la crise climatique ou de l’impact des habitudes de vie des humains sur l’environnement, un nombre sans cesse grandissant de personnes sont confrontées à un sentiment de détresse face à la nature détruite ou transformée chez soi et aux quatre coins de la planète. C’est ce que les experts appellent l’écoanxiété ou la solastalgie. (Photo d’entête : JMcD)
COVID-19, feux, inondations, verglas, smog, tempêtes violentes, tornades, chenille de la spongieuse, agrile du frêne, disparition des espèces … Chacun de nous a ressenti par moment de l’écoanxiété face à des expériences personnelles et au bombardement d’informations médiatiques.
Le Mouvement santé mentale Québec estime que 75 % des personnes entre 18 à 35 ans vivent de l’écoanxiété. Les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement à risque d’être atteints par l’écoanxiété, surtout ceux et celles qui ont développé une affinité pour l’environnement dès un jeune âge. C’est inquiétant.
Parmi les symptômes de l’écoanxiété, on retrouve la peur, le stress, l’insomnie, les crises d’angoisse et de panique, et même la difficulté à interagir socialement ou à travailler. On peut ressentir de l’impuissance ou de la culpabilité, ou encore être triste, voire en colère. Selon Anne-Sophie Gousse-Lessard, professeure associée à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE) de l’UQAM, un déclencheur important de l’écoanxiété « provient de la perception d’immobilisme des gouvernements sur la question du défi climatique. Les données disponibles démontrent que le segment des 16 à 25 ans se sent trahi et abandonné par la classe politique. »
Des solutions à l’écoanxiété
Les experts de la santé proposent certaines solutions pour bâtir sa résilience et mieux gérer le stress lors d’événements climatiques.
- Discuter de son anxiété avec sa famille et ses amis.
- Réduire sa consommation excessive de médias, surtout les médias sociaux chez les jeunes.
- Prendre des marches dans la nature.
- Pratiquer un ou des sports.
- S’ancrer dans le moment présent, faire du yoga, méditer.
- Développer sa créativité.
- Passer à l’action pour améliorer le sort de l’environnement.
Ce dernier élément mérite d’être exploré plus en détails.
Passez à l’action
L’écoanxiété est un malaise tout à fait légitime et déstabilisant. On peut mieux le gérer en passant à l’action. Voici quelques exemples de gestes bien concrets pour améliorer le sort de l’environnement et faire une différence.
Plantez des arbres
- Participez aux activités de plantation de la Fondation du Mont-Saint-Bruno.
- Plantez des arbres ou une haie sur votre terrain. Demandez à votre propriétaire de le faire si vous vivez en appartement.
- Demandez à votre patron s’il est possible de planter des arbres sur le terrain de l’entreprise et offrez d’organiser l’activité avec vos collègues.
- Créez une mini forêt urbaine en utilisant la méthode Miyawaki.
Planifiez des espaces verts
- Participez aux corvées afin de combattre les espèces végétales exotiques envahissantes comme l’alliaire officinale.
- Semez un jardin potager.
- Plantez un jardin de fleurs dans votre cour arrière ou sur votre balcon. N’oubliez pas d’utiliser des fleurs qui attireront les pollinisateurs, tels l’asclépiade, l’achillée millefeuille, la sauge et la verge d’or.
- Intégrez votre aménagement paysager à l’écosystème de la région. Vous attirez une plus grande variété d’oiseaux et réduirez le besoin d’herbicides en encourageant plutôt les prédateurs naturels à faire leur travail.
- Construisez un jardin de pluie (Guide de bonnes pratiques)
- Découvrez les bienfaits des murs végétalisés pour atténuer la pollution de l’air, du sol et du bruit, chez vous, au travail et dans la communauté. N’oubliez pas les murs végétalisés intérieurs ou de verdir votre demeure en y ajoutant des plantes.
- Vous voulez une pelouse où les mauvaises herbes et les vers blancs sont du passé ? Voici les astuces des scientifiques d’Espace pour la vie (Jardin botanique de Montréal) pour une belle pelouse en santé et écologique.
- Choisissez les engrais naturels plutôt que des engrais chimiques.
Au niveau gouvernemental
- Demandez aux élus de favoriser le reboisement en milieu urbain, de protéger les milieux naturels vulnérables et à contribuer au développement de jardins communautaires.
- Demander à votre municipalité de participer au programme Accroître les forêts canadiennes dont l’objectif est de planter deux milliards d’arbres au Canada d’ici 2030.
- Assurez-vous qu’il y ait des règlements municipaux sur les espaces verts quant au développement domiciliaire, à la construction d’entreprises, de parcs industriels ou de centres d’achat, surtout s’il y a plusieurs espaces de stationnement de prévus.
- Consulter les recommandations sur la consommation responsable du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
- Aidez dans le nettoyage des berges.
- Demandez aux élus de protéger les cours d’eau dans le plan d’urbanisme de la ville.
- Évitez les activités récréatives comme les randonnées en wakeboat ou la marche sur les berges, qui dégradent les bandes riveraines.
- Choisissez un épandage écoresponsable l’hiver.
- Réduisez la quantité de chlore car ce produit accompagne les grandes quantités d’eau de piscine qui s’écoulent dans les cours d’eau au printemps.
- Évitez le gaspillage alimentaire et demandez aux gouvernements qu’il y ait une loi pour interdire le gaspillage alimentaire des commerces.
- Évoluez vers une diète à base de plantes plutôt que de viande.
- Achetez local.
- Privilégiez l’agriculture locale afin d’assurer la résilience alimentaire.
- Cuisinez à la maison ou avec des amis plutôt que de commander des aliments ultra transformés, dont l’emballage pollue l’environnement.
- Organisez un groupe de cuisine communautaire.
- Adoptez des pratiques d’économie circulaire et évitez les biens de consommation qui disparaissent ou sont détruits après la première utilisation.
- Utilisez des produits écoresponsables plutôt que des détergents polluants pour vos tâches domestiques.
- Évitez les emballages, les bouteilles et les ustensiles de plastiques.
- Privilégiez les contenants réutilisables pour le café, le thé, l’eau, etc.
- Utilisez des récipients hermétiques plutôt que des sacs jetables en plastique pour conserver vos aliments.
- Apportez vos sacs lorsque vous faites l’épicerie.
- Apportez votre lunch et vos ustensiles.
- Investissez dans un bon rasoir électrique plutôt que des rasoirs jetables.
- Utilisez la coupelle menstruelle et d’autres produits sanitaires responsables.
- Achetez des tissus en microfibres pour le nettoyage plutôt que des chiffons ou lingettes jetables.
- N’oubliez pas les couches lavables pour bébé, même si les couches jetables sont parfois un incontournable.
- Demandez aux fournisseurs de produire des couches lavables et confortables pour aînés.
Voici quelques idées qui pourraient vous aider à initiez vos enfants à l’écoresponsabilité. N’hésitez pas à demander aux enseignants de vos enfants s’ils ont un curriculum sur la biodiversité.
- Devenir un gardien ou une gardienne de la biodiversité
- Conservation de la nature Canada : Les corridors écologiques
- UNESCO – Éduquer à la biodiversité
- Garofeu : Cahier de prévention contre le feu pour les enfants
- Test de connaissance COVABAR
- Fédération canadienne de la faune : Ressources pour éducateurs
- À l’école de la biodiversité
- Recyclez, particulièrement le verre et les cannettes de métal qui sont réutilisés de façon responsable.
- Faites don ou vendez vos appareils électroniques, vos vêtements, vos meubles, les jouets de vos enfants et autres.
- Déposez vos matières résiduelles toxiques ou encombrantes à l’écocentre de votre région.
- Prenez le transport collectif au travail, marchez pour vous rendre à l’épicerie, prenez votre vélo pour vous déplacer.
- Réduisez le smog en cessant de chauffer au bois.
- Coupez le contact de votre véhicule à l’attente d’un passager ou quand il est immobilisé au passage d’un train.
- Balayez votre entrée de garage après la tonte de la pelouse plutôt que d’utiliser un boyau d’arrosage.
- Raclez votre terrain à l’automne et au printemps plutôt que d’utiliser un souffleur bruyant qui pollue. C’est excellent pour la santé.
- Ajoutez votre voix au mouvement citoyen pour la conservation de nos milieux naturels et leur connectivité.
- Reconnectez-vous à la nature et célébrez les espaces verts !
Des liens utiles…
- Radio-Canada – Accepter et apprivoiser son écoanxiété
- Tel jeunes – L’écoanxiété
- Conservation de la nature Canada : Épisode 7 de Objectif Nature – Nature et santé : Une connexion vitale
- Anxiety Canada – L’éco-anxiété et comment y faire face
- Mouvement santé mentale Québec – Communiqué sur l’écoanxiété, 2 mai 2022
- L’actualité – Des trucs pour soulager votre écoanxiété, 17 juillet 2021
- Radio-Canada – Écoanxiété : quand le sort de la planète vous angoisse, 24 février 2019