Complexe multisport : un choix citoyen
Un nouveau complexe multisport s’annonce à Saint-Bruno. Il s’agit de trouver le meilleur emplacement. Près du centre-ville, à l’école secondaire du Mont-Bruno, ou en périphérie dans le parc industriel Marie-Victorin.
Pour la Fondation du Mont-Saint-Bruno, le site de l’école secondaire est le meilleur des deux choix car il permettra de réduire l’étalement urbain et l’émission de gaz à effets de serre (GES) tout en étant moins dispendieux.
Mais le choix des deux sites n’est pas optimal car il reflète le peu d’importance accordée à la crise climatique par la mairie de Saint-Bruno.
Les villes disent « Non » à l’étalement urbain
Le projet d’une Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps.
Un grand nombre de mairesses et de maires considèrent que la densification n’est pas une mode dans l’aménagement du territoire1,2. Il y a urgence de développer nos villes autrement pour freiner l’étalement urbain qui détruit nos milieux naturels, pour adresser la crise climatique et pour assurer une équité intergénérationnelle.
Dernier rapport du GIEC
Dans son rapport publié en avril 2022, le GIEC est catégorique : les municipalités ont un rôle incontournable à jouer à l’échelle planétaire pour atténuer les changements climatiques3. On souhaite voir des villes compactes qui sont propices au transport actif comme la marche et le vélo.
Un guide pour les villes
L’appel à l’action de l’Union des municipalités du Québec, lancé lors de son forum Unies pour le climat : les municipalités aux premières loges, s’arrime à la vision du GIEC4. L’UMQ a publié un guide sur la réglementation et l’adaptation aux changements climatiques en collaboration avec Ouranos.
Une gouvernance climatique
De plus en plus de villes, entreprises et institutions affichent leurs valeurs et réalisent leur volonté d’abaisser les émissions de gaz à effets de serre (GES). On pense, entre autres, au CHUM qui a modifié l’anesthésie de ses patients pour réduire son empreinte.
De son côté, le Centre québécois du droit de l’environnement recommande d’assujettir l’aménagement du territoire à la gouvernance climatique et à une analyse mesurant notamment les effets de toute décision sur le climat et le territoire5.
Le site du parc Marie-Victorin : l’ère des GES et du « tout-à-l’égout »
Qui dit « périphérie », dit aussi « voiture, stationnement, îlots de chaleur et ruissellement ».
Combien de gens marchent ou font du vélo pour se rendre de la maison au quartier industriel de Saint-Bruno ? Après tout, c’est seulement 5 minutes en auto… multipliées par des centaines de milliers de déplacements au fil des ans.
Au-delà des GES, rappelons que toute nouvelle surface minéralisée comme les routes, ruelles et stationnements, crée davantage de chaleur et empêche l’écoulement de l’eau de pluie ou de la fonte des neiges vers la nappe phréatique.
Le site de l’école secondaire : un choix écoresponsable
La construction du complexe multisport près de l’école secondaire du Mont-Bruno provoquera moins d’émission de GES, d’îlots de chaleur et de ruissellement que celle du parc industriel Marie-Victorin.
Il s’agit déjà d’un « quartier des sports ». On y retrouve un aréna, un terrain de football, un terrain de baseball, une aire de planches à roulettes, une piscine à l’école secondaire et des pistes pour le vélo ou la marche à proximité. Les adeptes du sport sont habitués de se déplacer vers ce pôle.
Le transport actif peut facilement remplacer la voiture pour s’y rendre. Le stationnement, lui, est déjà existant si nécessaire. Mais l’avantage incontournable : les étudiants sont sur place, ce qui réduit les déplacements fréquents en véhicules motorisés aux énergies fossiles.
Un nouveau calcul des coûts
Dans son billet « Complexe multisport à Saint-Bruno : Il manque 10,6M$ dans les calculs », le conseiller municipal Louis Mercier, actuaire de profession, fait un redressement de la situation financière présentée par la ville de Saint-Bruno. Nous applaudissons, entre autres, son calcul du coût des GES.
Au final, il fait valoir que le coût d’une construction à l’école secondaire du Mont-Bruno serait de 49,8M$ et de 56,5M$ au parc Marie-Victorin.
La coupe d’arbres au site de l’école secondaire
Il serait certainement préférable de construire sans couper d’arbres comme le choix du parc Rabastalière proposait dans l’étude initiale, qui a été ignorée. Le choix de l’école entraînera inévitablement un déboisement partiel, même s’il est le meilleur des deux choix offerts par la Ville. Clairement, il est possible de revoir le déboisement projeté à la baisse: pourquoi abattre des arbres matures pour relocaliser un terrain de soccer déjà existant et fonctionnel ?
Pour le déboisement incontournable qui mènera à une perte nette de biodiversité, plusieurs mesures compensatoires existent pour des projets de bien collectif. On pense au déplacement d’arbres matures et à la plantation de nouveaux arbres dans la ville de Saint-Bruno pour maintenir ou même accroître la forêt urbaine.
Votez entre le 6 et le 11 juin
Nos élus ont tous signé un engagement envers les milieux naturels. Toute planification des travaux du complexe multisport devra refléter leur engagement et valoriser les legs biologiques tout en respectant la volonté grandissante de restreindre l’étalement urbain.
Le complexe multisport est une infrastructure qui aura une durée de vie de plusieurs décennies. Faites entendre votre voix afin que le bon emplacement soit choisi, malgré l’inconfort de la période de construction.
L’abstention n’est pas un choix écoresponsable.
Consultation publique
Une soirée d’information aura lieu le 24 mai, de 16h à 20h, au Centre communautaire et le 26 mai, de 18h à 20h, par Zoom (s’inscrire ici). Le vote citoyen électronique ou par téléphone se tiendra du 6 au 11 juin. Cliquez ici pour plus d’information.
(Photo : Ville de Saint-Bruno-de-Montarville)Références :
- Étalement urbain- choc entre les maires et la CAQ. Charles Lecavalier. Publié dans La Presse, le 9 mai 2022.
- Le maire qui a stoppé le développement. Suzanne Colpron. Publié dans La Presse, le 10 mai 2022
- IPCC, 2022: Summary for Policymakers. In: Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change[P.R. Shukla, J. Skea, R. Slade, A. Al Khourdajie, R. van Diemen, D. McCollum, M. Pathak, S. Some, P. Vyas, R. Fradera, M. Belkacemi, A. Hasija, G. Lisboa, S. Luz, J. Malley, (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, UK and New York, NY, USA. doi: 10.1017/9781009157926.001
- La ville au centre de la lutte pour le climat. Adrien Bonot. Publié dans Le Devoir, le 7 mai 2022.
- Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE). Mémoire présenté au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, dans le cadre de la Consultation sur la Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires, 2021.
Articles d’intérêt :
- La Presse, Saint-Bruno se densifiera loin de sont centre-ville, le 18 mai 2022
- Les Versants, Complexe sportif : Une étude ignorée et gardée secrète, 21 janvier 2020